05/07/2022
Les 4 425 exploitations agricoles de notre région ont de nombreux défis alimentaires, techniques, climatiques et générationnels à relever. Agriculteur depuis 25 ans et Président du Crédit Agricole d’Ile-de-France, je suis conscient des enjeux de ma profession mais aussi résolument confiant dans l’avenir : ensemble, nous y arriverons.
Au moment où nous débutons la moisson autour de Paris, l’agriculture, secteur clé, occupe la moitié de la superficie de notre région, pèse plus de 13 000 emplois directs et garantit notre souveraineté alimentaire. Le profil agricole francilien évolue en permanence. Nos exploitations s’agrandissent et nos productions, bien qu’encore très axées sur les grandes cultures, se diversifient : le maraîchage monte en puissance, la viticulture fait son apparition, et les ventes directes à la ferme sont plébiscitées … Autant de signes de la vitalité de notre secteur !
Au Crédit Agricole d’Ile-de-France, notre expertise en la matière se nourrit de notre proximité avec les 87 % d’agriculteurs qui nous font confiance sur notre territoire. Une proximité qui s’incarne dans la volonté constante d’être leurs partenaires privilégiés à chaque moment de leur parcours.
Aujourd’hui âgé de 52 ans, je me demande de plus en plus souvent qui prendra la suite de mon exploitation. Et je ne suis pas le seul : les deux tiers des exploitants de notre région étant éligibles à un départ à la retraite dans les cinq prochaines années, le renouvellement générationnel du métier est une priorité absolue.
Tout d’abord, il nous faut susciter des vocations chez les plus jeunes. Je tiens à saluer le travail considérable accompli par la structure francilienne des Jeunes Agriculteurs, qui bénéficie de tout notre soutien. Elle promeut le dynamisme et la qualité de nos productions labellisées « Made in Île-de-France » auprès du grand public : à Paris en avril dernier lors de l’évènement « les Toqués de l’Agriculture », ou encore les 10 et 11 septembre prochains à l’occasion du Festival de la Terre à Saclay dans l’Essonne. Sans oublier le grand rendez-vous du Salon de l’Agriculture où, sous l’impulsion de notre Caisse Régionale, plus de 3 500 enfants bénéficient d’une visite guidée par des Jeunes Agriculteurs. De quoi leur donner des idées pour la suite et expliquer simplement notre beau métier.
Ensuite, il faut encourager et accompagner les jeunes actifs qui, après une expérience salariée fructueuse en entreprise, aspirent à revenir vers la terre. Ils sont l’avenir de ma profession. Riches de leurs expériences, souvent innovants, ils ont la vocation bien ancrée, celle qui épouse utilement les attentes sociétales tout en assurant une activité agricole nourricière. Parmi cette génération « demain je serai paysan », les femmes sont de plus en plus nombreuses et c’est tant mieux ! Actuellement, 25 % des chefs d’exploitations en France sont des femmes (elles étaient 8 % en 1970). Preuve de leur engagement en faveur de notre profession francilienne, c’est une femme, Alix, qui a succédé à une autre, Amandine, à la présidence des Jeunes Agriculteurs d’Ile de France Ouest en mars dernier.
Une fois la vocation bien affirmée, à nous d’accompagner à 360° l’installation de ces nouveaux exploitants. Lorsque la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) a été mise en place par l’Etat, nous avons collectivement cherché la meilleure manière d’accompagner ses bénéficiaires. Aujourd’hui, le Crédit Agricole d’Ile-de-France intervient lors de la formation obligatoire suivie par les bénéficiaires DJA afin de leur parler épargne de précaution, retraite, subventions, financements…. Nous leur proposons un versement anticipé à hauteur de 80 % de cette Dotation afin qu’ils puissent se lancer plus sereinement, ainsi que des prêts aux conditions de remboursement encore plus modulables que celles s’appliquant aux agriculteurs déjà installés.
Il faut encourager et accompagner les jeunes actifs qui, après une expérience salariée fructueuse en entreprise, aspirent à revenir vers la terre. Ils sont l’avenir de ma profession. Riches de leurs expériences, souvent innovants, ils ont la vocation bien ancrée, celle qui épouse utilement les attentes sociétales tout en assurant une activité agricole nourricière.
Je crois à la puissance de l’innovation. Elle affinera notre approche agronomique, renforcera nos capacités d’alerte et de prédiction et nous aidera à toujours mieux intégrer la gestion des écosystèmes dans nos pratiques.
Dans un contexte de forte demande alimentaire et de nécessaire adaptation au changement climatique, l’innovation est indispensable. Mais elle a aussi un coût.
Répondre présent aux besoins de financement de nos agriculteurs est essentiel : depuis 2019, nous finançons en moyenne à hauteur de 100 millions d’euros par an leurs besoins, sous forme de prêts à long terme. S’y ajoutent environ 50 millions d’euros annuels de prêts à court terme, la plupart du temps sous forme d’avances sur les aides de la Politique Agricole Commune. Notre objectif est clair : que chaque exploitant puisse préparer sa production dans les meilleures conditions et réaliser ses investissements au meilleur moment avec la solution de financement la plus adaptée.
Notre objectif est clair : que chaque exploitant puisse préparer sa production dans les meilleures conditions et réaliser ses investissements au meilleur moment avec la solution de financement la plus adaptée.
Outre le financement des exploitations, nous prenons à cœur notre mission de premier banquier de l’écosystème agricole francilien. La flambée actuelle des cours des denrées agricoles perturbe la gestion financière des coopératives céréalières à cause des appels de marge élevés. Nous veillions à y répondre. Dans un tout autre registre, le marché international de Rungis, le plus grand marché de produits frais au monde, offre à notre filière de très belles perspectives. Temple des amoureux de la gastronomie, il participe au rayonnement et au développement de notre région ce qui motive au quotidien nos équipes du Crédit Agricole Ile-de-France dédiées sur place.
Surtout, nous sommes aux cotés de nos clients agriculteurs en cas de difficulté. Très concrètement, lorsqu’un orage de grêle a endommagé voire même détruit début juin 2022 les parcelles d’environ 35 agriculteurs du sud des Yvelines (soit 5000 hectares ou la moitié de la superficie de Paris), nous nous sommes immédiatement rendus sur place, collaborateurs et élus du Crédit Agricole d’Ile-de-France, afin de les soutenir, les avons conseillés dans les premières démarches à entreprendre et mettons en place des solutions individualisées avec cette volonté de les aider à passer ce coup dur.
Ces agriculteurs comme le reste de la profession ont déjà été durement éprouvés par les mauvaises récoltes de 2016. J’en suis bien conscient, de même que la hausse du coût des matières premières – en premier lieu de l’énergie – liée à la situation géopolitique actuelle, les doutes sur la disponibilité des engrais qui pèsent sur l’anticipation des futurs rendements, mais aussi la sécheresse et les phénomènes climatiques extrêmes sont pour nous tous autant de motifs d’inquiétude.
Mais dans Crédit Agricole d’Ile-de-France, il y a plus que jamais « Agricole ». Alors nous surmonterons ces épreuves ensemble afin de continuer à cultiver la terre car nourrir est, pour eux comme pour moi, une responsabilité et un devoir.
