23/02/2023
Salon de l’Agriculture : disons merci à ceux qui nous nourrissent
Le Salon International de l'Agriculture à Paris fait partie de notre imaginaire national. À l’instar du Tour de France ou des fêtes de fin d’année, il rassemble le pays autour de la passion, du savoir-faire et des multiples saveurs qui en font la renommée. Il est l’occasion d’être fiers de notre agriculture et de sa capacité à relever les importants défis du moment.
En tant qu’agriculteur, le Salon International de l’Agriculture est un lieu d’échanges, de conférences et de débats que je ne manquerais pour rien au monde. Cette année, il revêtira une importance particulière à mes yeux puisque ce sera mon premier en tant que Président du Crédit Agricole d’Ile-de-France.
J’aurai l’occasion de remercier les exploitants que nous accompagnons au quotidien – près de quatre sur cinq en Île-de-France – pour leur confiance, ainsi que pour leur contribution à la souveraineté alimentaire de notre région et de notre pays. Et ce d’autant plus que notre agriculture doit, comme souvent, prendre ses responsabilités afin de relever les défis de notre temps.
Notre souveraineté alimentaire est un combat de tous les jours
La France demeure la première puissance agricole du continent. Mais elle n’est pas seule. La concurrence de l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, ainsi que des nouveaux entrants (Pologne, Roumanie) est importante, notamment sur les productions animales. L’agriculture ne se résume évidemment pas à des parts de marché, mais les faits sont têtus : notre pays importe une part croissante de sa consommation de fruits (71%), de volailles (50%), de produits laitiers (30%) ou encore de légumes (28%).
Notre #responsabilité est globale. Pour mieux nourrir la France des cantines comme celle des grandes tables, notre modèle agricole doit gagner en performance et en résilience.
Pour assurer notre souveraineté, voici pour moi les quatre défis à relever :
- Produire de la qualité à un prix abordable pour le consommateur et juste pour le producteur, en développant par exemple les circuits courts à l’échelle de nos départements et notre région. Avec 12 millions d’habitants et 50 % de terres agricoles, l’Île-de-France a de nombreuses cartes en main pour montrer l’exemple.
- Poursuivre la valorisation de nos filières stratégiques et d’excellence, comme les céréales et le lin textile ou nos appellations emblématiques. Inspirons-nous de la réussite de filières populaires comme celle du Comté, où les éleveurs ont augmenté leurs volumes par l’investissement tout en maintenant la qualité, la valeur et le prix de leur production. Comme eux, préparons l’avenir de manière collective et organisée afin d’assurer la pérennité de notre modèle agricole régional.
- S’engager à mieux faire respecter les normes minimales de production de l’Union européenne aux produits importés. Ma profession souffre de cette concurrence déloyale qui perturbe voire chamboule des filières entières à l’image de l’arboriculture francilienne. L’action de l’État est vitale en ce domaine.
- Attirer les jeunes vers des métiers qui ont du sens tout en répondant à leurs aspirations d’équilibre entre vie personnelle et vie agricole. Qu’ils soient filles et fils d’agriculteurs ou ne viennent pas du monde agricole, nous devons savoir leur parler, les écouter et les soutenir. Ils sont l’avenir de la profession.
Ces cinq dernières années, le Crédit Agricole d’Ile-de-France a invité plus de 10 000 enfants des centres de loisirs de notre région à profiter d’une visite guidée du Salon par des professionnels bien souvent administrateurs bénévoles au sein de nos caisses locales. Ce premier contact avec le monde de l’agriculture est pour moi essentiel afin qu’ils prennent conscience de l’importance et de la noblesse du travail nécessaire pour remplir les assiettes chaque jour. Conjointement avec la MSA – Mutualité Sociale Agricole, nous soutenons également depuis 2022 l’initiative #TerreMaVie, un forum destiné aux 16-25 ans pour mieux faire connaître les filières professionnelles agricoles dans les CFA.
Nous projeter ensemble vers l’agriculture de demain
Jour après jour, nos chargés de clientèle agricole accompagnent la capacité d’#innovation de nos agriculteurs afin de faire face aux défis du #climat, de l’#environnement et de la protection de leurs cultures ou du bien-être de leurs animaux. Alors que progrès et nouvelles techniques ouvrent des perspectives passionnantes, il convient plus que jamais de ne pas opposer production et préservation.
Prenons le semis direct par exemple. Cette technique introduit la graine dans le sol sans avoir à le labourer au préalable, ce qui préserve la qualité du sol, le protège de l’érosion et maintient son couvert végétal. Or, un sol qui demeure recouvert de végétation capte presque autant de CO2 qu’un espace forestier. Il est donc possible de maintenir le rendement des sols tout en luttant contre le changement climatique et en favorisant la biodiversité.
Le secteur agricole contribue également à la transition énergétique à deux égards : la diminution de sa consommation d’énergie et la production d’énergie renouvelable sur ses bâtiments. S’il faut rester vigilants face au risque de perte de terres arables au profit de la production photovoltaïque, l’agrivoltaïsme est prometteur dès lors qu’il combine installation de panneaux avec maintien de la production agricole.
Enfin, soyons ouverts au numérique. Photographies par satellite et modèles prédictifs identifient déjà les moments les plus propices pour semer, récolter ou encore traiter les cultures en fonction de la progression d’une maladie. Des applications également fort utiles à la filière sylvicole, dont on parle trop peu, tout comme certains usages robotiques pourraient bientôt révolutionner le maraîchage.
Notre pays a tant d’atouts, mais aussi quelques réticences. Son classement au Food Sustainability Index (FSI) est éloquent : très bien placé en matière de gestion nutritionnelle de sa population et de lutte contre le gaspillage alimentaire, il l’est moins sur l’agriculture durable, notamment ses volets innovation et productivité. Alors, ne négligeons aucune piste pour renforcer notre agriculture et assurer ainsi notre souveraineté alimentaire à long terme.