banques coopératives
Banque mutualiste

02/11/2017

Banques coopératives, l’héritage de nos campagnes

Né en Allemagne au XIXème siècle, comment le modèle de banque coopérative en est-il venu à poser ses valises en France ? Quels ont été les temps forts de son évolution, ses coups durs et ses remises en question ? Hervé Alexandre, professeur à l’Université Paris Dauphine et directeur du Master 224 « Banque et Finance », dresse le portrait de cet héritage historique.

Banques coopératives : un modèle qui se cultive en campagne

« Le modèle de banques coopératives est né d’un besoin », commence Hervé Alexandre. À la fin du XIXème siècle, les campagnes françaises sont encore ignorées des banques parisiennes solidement ancrées au sein de la capitale. « Agriculteurs et artisans avaient énormément de mal à trouver des financements pour développer leur activité. »

campagne roue

Faute d’établissements en mesure de leur fournir du crédit, les professionnels vont donc progressivement se regrouper et mettre en place des solutions collectives de financement à court terme. Les premières banques mutualistes sont au plus près des besoins particuliers des agriculteurs et vont pouvoir y répondre, contrairement aux banques parisiennes, concentrées sur les affaires et sur l’international. « Il faut bien comprendre qu’à cette époque, la banque de détail telle que nous la connaissons n’existait pas. » Il faudra attendre 1967 pour que le salaire des ouvriers soit obligatoirement versé sur un compte bancaire. Par conséquent, les acteurs ruraux s’organisent, et la graine mutualiste est plantée. À l’origine sans capital social, ces banques d’un nouveau genre fondent leur stabilité financière sur l’engagement solidaire des agriculteurs et des artisans locaux. En cas de perte, ces acteurs combleraient eux-mêmes le déficit, et la banque tiendra bon. Progressivement, le modèle se structure. Des Caisses locales vont fleurir, les agriculteurs et artisans se rapprocher et mieux se connaître. « L’asymétrie de l’information » baisse, et le banquier va de plus en plus être lié aux décisions économiques de l’époque. Un phénomène qui va durer jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.

Sociétés modernes, crise économique et retour au « bon sens paysan »

Au sortir de la guerre, le modèle coopératif va s’accélérer et mailler tout le territoire français.  « Durant cette période, les valeurs de proximité et de solidarité vont encore se renforcer. » Le credo ? Bien connaître ses clients, pour répondre au mieux à leurs besoins.

Les Trente Glorieuses, synonymes de plein emploi, d’augmentation des salaires et d’amélioration du niveau de vie, poussent les gouvernements successifs à dynamiser le crédit bancaire. « Les décrets Debré-Haberer, de 1966-1967, vont amener les banques coopératives à diversifier leurs activités pour ne plus simplement se cantonner aux prêts. » Il leur est désormais possible de proposer des offres d’assurances, et de s’internationaliser. Leur but ? Investir les villes et concurrencer les banques privées, qui de leur côté se décident à s’implanter dans les campagnes à partir des années 1970. « La frontière entre les modèles coopératifs et privés devient floue. » En proposant le même type d’offres, banques privées et coopératives vont chercher à grossir pour prendre leur place. Cette course s’accélère avec la loi du 24 janvier 1984, supprimant la distinction entre les banques de dépôts et d’affaires. C’est le début de l’ère du modèle de la banque universelle. Pour suivre la tendance, séduire les clients, et continuer à croître, les banques coopératives utilisent les outils des sociétés capitalistes. « Les spécificités qui faisaient leur différence vis-à-vis des banques privées sont un peu mises de côté à cette époque. »

La crise économique de 2008 vient frapper un grand coup dans l’ordre économique et social établi. «C’est la dégringolade. La relation de confiance entre banquiers et clients s’effondre. »  Bien qu’elles aient, elles aussi, dû faire face aux répercussions de la crise des subprimes, les banques coopératives sont malgré tout moins affectées que leurs voisines privées. « Les banques coopératives ont su conserver leurs valeurs mutualistes. En particulier au sein des Caisses locales et Régionales. » L’architecture organisationnelle de ce modèle encore proche de ses clients a été une force. S’ensuit un profond retour aux fondamentaux et au « localisme ». Le modèle coopératif réaffirme son « bon sens paysan », et met les bouchées doubles sur le soutien des PME et artisans, moteurs de son territoire.

L’indémodable logique coopérative

L’identité locale est redevenue un symbole fort pour les individus. Si les valeurs de proximité et de solidarité sont en ligne avec leurs attentes, l’heure est également à la responsabilité. « La nouvelle génération, qui a connu la débâcle de 2008 se veut plus impliquée et attend des banques qu’elles se montrent éthiques et morales », explique Hervé Alexandre. Le plus du modèle coopératif ? Les actions directement menées sur le territoire, visant à soutenir les organismes associatifs locaux et les jeunes entreprises innovantes.

Outre l’attente d’actions éthiques, les jeunes – habitués aux usages numériques – attendent des banques modernité et réactivité. Sur ce terrain, ces dernières doivent faire face aux Fintechs, qui révolutionnent complètement le secteur bancaire.

Dans ce contexte, les banques françaises doivent s’adapter et prouver aux clients leur capacité à leur apporter une plus-value autre que les « simples » services financiers. Sur ce point, les banques coopératives semblent avoir une longueur d’avance. De nouvelles offres, comme le conseil en orientation professionnelle, font leur apparition. « Cette capacité à être présent sur d’autres sujets que la finance est amenée à se développer dans les années à venir et fera la différence » projette Hervé Alexandre.

Les Trente Glorieuses, synonymes de plein emploi, d’augmentation des salaires et d’amélioration du niveau de vie, poussent les gouvernements successifs à dynamiser le crédit bancaire. « Les décrets Debré-Haberer, de 1966-1967, vont amener les banques coopératives à diversifier leurs activités pour ne plus simplement se cantonner aux prêts. » Il leur est désormais possible de proposer des offres d’assurances, et de s’internationaliser. Leur but ? Investir les villes et concurrencer les banques privées, qui de leur côté se décident à s’implanter dans les campagnes à partir des années 1970. « La frontière entre les modèles coopératifs et privés devient floue. » En proposant le même type d’offres, banques privées et coopératives vont chercher à grossir pour prendre leur place. Cette course s’accélère avec la loi du 24 janvier 1984, supprimant la distinction entre les banques de dépôts et d’affaires. C’est le début de l’ère du modèle de la banque universelle. Pour suivre la tendance, séduire les clients, et continuer à croître, les banques coopératives utilisent les outils des sociétés capitalistes. « Les spécificités qui faisaient leur différence vis-à-vis des banques privées sont un peu mises de côté à cette époque. »

La crise économique de 2008 vient frapper un grand coup dans l’ordre économique et social établi. «C’est la dégringolade. La relation de confiance entre banquiers et clients s’effondre. »  Bien qu’elles aient, elles aussi, dû faire face aux répercussions de la crise des subprimes, les banques coopératives sont malgré tout moins affectées que leurs voisines privées. « Les banques coopératives ont su conserver leurs valeurs mutualistes. En particulier au sein des Caisses locales et Régionales. » L’architecture organisationnelle de ce modèle encore proche de ses clients a été une force. S’ensuit un profond retour aux fondamentaux et au « localisme ». Le modèle coopératif réaffirme son « bon sens paysan », et met les bouchées doubles sur le soutien des PME et artisans, moteurs de son territoire.

L’indémodable logique coopérative

L’identité locale est redevenue un symbole fort pour les individus. Si les valeurs de proximité et de solidarité sont en ligne avec leurs attentes, l’heure est également à la responsabilité. « La nouvelle génération, qui a connu la débâcle de 2008 se veut plus impliquée et attend des banques qu’elles se montrent éthiques et morales », explique Hervé Alexandre. Le plus du modèle coopératif ? Les actions directement menées sur le territoire, visant à soutenir les organismes associatifs locaux et les jeunes entreprises innovantes.

Outre l’attente d’actions éthiques, les jeunes – habitués aux usages numériques – attendent des banques modernité et réactivité. Sur ce terrain, ces dernières doivent faire face aux Fintechs, qui révolutionnent complètement le secteur bancaire.

Dans ce contexte, les banques françaises doivent s’adapter et prouver aux clients leur capacité à leur apporter une plus-value autre que les « simples » services financiers. Sur ce point, les banques coopératives semblent avoir une longueur d’avance. De nouvelles offres, comme le conseil en orientation professionnelle, font leur apparition. « Cette capacité à être présent sur d’autres sujets que la finance est amenée à se développer dans les années à venir et fera la différence » projette Hervé Alexandre.

Facebook
Twitter Linkedin Mail