27/03/2024
Interview croisée : bilan 2023 et perspectives 2024
Apporter des solutions aux Franciliens
Commentant une année d’intense activité, Guillaume Vanthuyne, Président du Conseil d’Administration, et Michel Ganzin, Directeur Général du Crédit Agricole d’Ile-de-France passent en revue les grands engagements pris dans le cadre du nouveau projet d’entreprise UNIQUES et les moyens déployés pour les concrétiser. Dans un contexte environnemental et sociétal en mutation, ils réaffirment la spécificité mutualiste de la Caisse Régionale et l’ancrage de son action sur le territoire.
Sur un plan économique et social, que retenez-vous de l’année écoulée ?
Guillaume Vanthuyne (G.V) :
2023 aura été une année maussade pour la société française traversée par un sentiment de crainte face au retour de l’inflation et aux conflits internationaux sur fond d’urgence climatique. La région francilienne est un territoire exceptionnel par sa jeunesse, sa compétitivité et sa capacité d’innovation. Elle n’échappe pas pour autant aux inégalités et au phénomène de segmentation des populations.
Michel Ganzin (M.G) :
Sur le plan économique, le marché des crédits habitat est un bon indicateur. L’inflation et la hausse concomitante des taux d’intérêt ont démarré en 2022, mais leur impact sur nos clients s’est matérialisé pleinement à partir du 2e semestre 2023. Même si les anticipations de marché sont plutôt optimistes sur la baisse des taux à venir, nous avons atteint un niveau plafond avec lequel nous allons devoir composer pendant encore plusieurs mois. L’autre issue escomptée est que les prix se réajustent de façon à redonner aux particuliers et aux entreprises la capacité de mettre en œuvre leurs projets.
Président du Crédit Agricole d’Ile-de-France
Dans ce contexte, comment se positionne la Caisse Régionale ?
G.V :
Dans cet environnement très mouvant, nous faisons figure de pôle de stabilité ; le Crédit Agricole d’Ile-de-France est une marque qui inspire confiance. Aux travers de notre modèle et des offres que nous développons, notre mission est d’apporter des solutions aux Franciliens. Notre entreprise est en ordre de marche pour développer sa spécificité mutualiste. Le modèle coopératif est un pont indispensable, capable de relier les générations, les populations et l’ensemble des acteurs territoriaux.
M.G :
Nous avons accueilli en 2023 plus de 87 000 nouveaux clients, soit +9,3% par rapport à 2022. Nos conseillers ont répondu présents tout au long de l’année. Ainsi, les opportunités de placement liées à la hausse des taux, conjuguées avec une action de conseil renforcée de nos équipes ont fait progresser les encours de collecte de 7,1% sur un an. Cette épargne a servi à financer les projets habitat des particuliers (5,7 Mds€ de réalisations) dans un marché en décélération, et une demande soutenue des clients professionnels et des entreprises (4,2 Mds€ de réalisations). La progression de 3,7% de nos encours de crédit sur un an illustre concrètement notre volonté de continuer à accompagner les Franciliens dans leurs projets. C’est notre unique volonté : être utile à tous nos clients, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Une stratégie d’accompagnement qui s’appuie sur votre modèle de banque coopérative ?
G.V :
Plus que jamais ! Nos 528 administrateurs sont tous des clients qui habitent l’Île-de-France ou y ont une activité professionnelle. C’est la grande différence avec d’autres banques. Nos administrateurs sont à la fois nos ambassadeurs et des veilleurs de la vie économique et sociale qui font remonter des informations du territoire. Il faut rendre hommage à l’implication de ces femmes et de ces hommes qui animent la solidarité au travers de nombreuses actions mutualistes.
M.G :
Le propre du modèle mutualiste est de rendre des comptes, non pas à des actionnaires, mais à un Conseil d’Administration et à ses clients sociétaires. Notre projet d’entreprise UNIQUES a été bâti à la hauteur des promesses faites à nos clients, à nos collaborateurs et aux Franciliens. 33 initiatives ont déjà été lancées dans le cadre de ce projet et irrigueront les années à venir. Pour faire du Crédit Agricole d’Ile-de-France la banque préférée des Franciliens.
Pourquoi avoir appelé UNIQUES, au pluriel, ce projet d’entreprise ?
M.G :
En premier lieu, l’Île-de-France est un territoire unique. Poumon économique de la France, la région concentre près de 18 % de la population sur 2% du territoire national. Tout y est complexe, à commencer par cette densité génératrice de problématiques sur la mobilité, sur l’environnement… Le Crédit Agricole d’Ile-de-France, qui partage une communauté d’actions avec le territoire, est tout aussi unique. Nous sommes la plus grande des caisses régionales d’un groupe se situant au 10e rang mondial, dotée de filiales et des métiers permettant d’accompagner nos clients dans tous leurs besoins. Nous sommes aussi une PME de plus de 4 000 collaboratrices et collaborateurs portant nos valeurs mutualistes et assurant une proximité unique avec nos clients. Des spécificités qui font et feront de plus en plus de nous une banque unique à plus d’un titre.
Comment comptez-vous renforcer le mutualisme si essentiel pour la banque ?
G.V :
Les premiers objectifs de notre engagement mutualiste et sociétal sont de passer de 408 000 sociétaires actuellement à 450 000, leur proposer des rendez-vous dédiés plus nombreux et renforcer nos actions de mécénat. Avec près de 140 projets soutenus depuis son lancement, l’impact du premier fonds dédié à la restauration du patrimoine et à la promotion de jeunes talents n’est plus à démontrer… Depuis fin 2023 un nouveau fonds de dotation Environnement & Mobilité est lancé, et c’est une grande fierté pour nous de pouvoir agir également sur ce terrain si essentiel à notre territoire.
Pouvez-vous qualifier en quelques mots votre vision du mutualisme ?
MG :
C’est la fusion des intérêts entre un territoire et ses citoyens, l’utilité par rapport aux attentes et l’universalité. C’est un modèle de solidarité inscrit dans le temps.
G.V :
En deux mots : intemporalité et fraternité. Derrière la solidarité, la responsabilité et la proximité se dessine la notion de fraternité. C’est ce qui doit nous guider.
Comment la Caisse Régionale relève-t-elle le défi de la transition climatique ?
M.G :
Les défis climatiques et environnementaux nécessitent de mettre en œuvre toute une palette de solutions. Notre apport commence par notre propre transition, c’est-à-dire la réduction significative de nos propres émissions carbone. Notre responsabilité est aussi d’accompagner tous nos clients, particuliers, professionnels et entreprises dans leur transition énergétique en leur proposant des offres adaptées comme le Crédit Trajectoire Décarbonation pour les entreprises ou le Prêt Immo Durable pour les particuliers. Dans le cadre de la nouvelle filière Transitions, nous recrutons des experts de la transition environnementale. Nous souhaitons aussi contribuer à la production d’électricité en investissant directement dans des projets d’infrastructure grâce à une filiale dédiée. La force du modèle mutualiste est de fonctionner en écosystème, ancré dans le territoire. Du mécénat jusqu’à l’investissement direct sur un projet, en passant par le financement de nos clients, l’année 2023 aura été un moment fondateur de cet accompagnement multidimensionnel en faveur de la transition environnementale.
Directeur général du Crédit Agricole d'Ile-de-France
Quels sont pour autant les risques à éviter ?
G.V :
Tout cela ne peut être effectivement réussi que si, socialement, nous savons faire attention au plus grand nombre. Que la transition énergétique, par exemple, ne soit pas réservée à ceux, fortunés, qui en ont les moyens. À l’urgence climatique ne peut pas s’ajouter du désordre social, c’est pourquoi nous avons choisi une voie responsable, un chemin de crête sur lequel chacun doit être accompagné.
Selon vous, pourquoi devient-on client du Crédit Agricole d’Ile-de-France ?
MG :
Tout d’abord, parce que notre banque est utile. Elle n’a cessé de grandir en même temps que s’étoffait notre offre, d’abord des crédits, puis des placements, des assurances, de la télésurveillance et maintenant l’accompagnement des transitions, de la santé, du vieillissement, etc. Nous partageons la vie de nos clients, sommes à leurs côtés pour mener à bien leurs projets, des plus modestes aux plus structurants. Ceci, grâce à un modèle déconnecté des marchés de capitaux et une vision portée par vents et marées, sans réaction de court terme.
G.V :
Pour ma part, je souhaite que nos clients nous choisissent par raison, parce que nous répondons à leurs besoins, et aussi par émotion, pour ce que nous incarnons depuis 122 ans, pour les valeurs que nous portons. Une économie prospère, si elle est partagée, est un moyen de lutter contre les inégalités et de retrouver une société apaisée.
En quoi la proximité et la place donnée à l’humain différencient-elles la Caisse Régionale d’une autre banque ?
M.G :
Notre taille permet d’associer le Yin et le Yang, c’est-à-dire de rapprocher les services du siège et notre réseau de 273 agences. Cette interaction est le secret de la relation client telle que nous l’entendons, alliant proximité et expertise et nous sommes la seule banque francilienne à pouvoir combiner parfaitement ces deux volets. Nous croyons dans un modèle qui embarque le meilleur du digital valorisé par l’être humain, grâce à son sens de la responsabilité, son discernement et son autonomie.
G.V :
J’ajouterais qu’en tant que banque régionale, nous sommes maîtres de notre destin. Ce modèle où le conseil d’administration cosigne le projet d’entreprise est unique. Nos financements relèvent de notre responsabilité, de notre engagement. Nous avons les cartes en main.
Avec quelle priorité abordez-vous 2024 ?
M.G :
La satisfaction client, axée sur la joignabilité des conseillers et leur proactivité est une priorité. Cette recherche de qualité au service de nos clients est source de sens. Je suis particulièrement optimiste dans notre capacité à tenir nos engagements grâce à la solidité de notre modèle mutualise de Banque Universelle.