Le bosquet de la Reine du château de Versailles
Les bosquets du château de Versailles sont labellisés patrimoine mondial de l'UNESCO. Ils accueillaient régulièrement la promenade du roi et les divertissements de la Cour. Notre fonds de dotation s’est engagé dans la restauration de l’un de ces trésors végétaux d’exception, indissociables de la résidence royale. Un chantier confié à une jeune et talentueuse paysagiste.
Les Bosquets : salons de plein-air pour promenades royales
Sous le règne de Louis XIV, les jardins de Versailles comptaient quinze bosquets créés par le célèbre jardinier-architecte André Le Nôtre.
Contrastant avec la stricte régularité des jardins « à la française », ces véritables salons de plein-air aux formes et décors très variés (fontaines, vases et statues), agrémentaient la promenade du Roi et de sa cour de surprises et de fantaisies.
Ils constituaient également un lieu de découverte, d’expérimentation et d’acclimatation d’essences « venues d’ailleurs ».
Le bosquet de la Reine
Situé dans le prolongement du parterre de l’Orangerie, ce bosquet a remplacé en 1776 le célèbre bosquet du Labyrinthe tracé en 1665-1666 par Charles Perrault. Il fut ensuite agrémenté, en 1677, d’un ensemble de 39 fontaines en plomb peintes au naturel mettant en scène les animaux des fables d’Ésope.
Cette merveille fut détruite lors de la replantation des jardins en 1775-1776, et remplacée par l’actuel bosquet composé spécialement pour Marie-Antoinette. La Reine souhaitait disposer d’un lieu de promenade à l’écart des visiteurs. Il fut d’ailleurs, en 1784, le théâtre de la rencontre nocturne entre le cardinal de Rohan et la prétendue Marie‑Antoinette, épisode marquant de l’affaire du Collier.
Répondant aux goûts de l’époque pour les jardins paysagers, il associait la rigueur des tracés à la française, à la divagation d’allées serpentines, inspirées des nouveaux modèles anglais.
Atypique, le bosquet de la Reine est le seul bosquet dont la célébrité et la richesse résidaient dans ses composantes végétales : buissonnements précieux et essences nouvellement introduites en Europe, comme le tulipier de Virginie.
Il n’avait pas encore été restauré depuis la tempête de 1999.
Un important chantier de restauration
Fortement dégradé au cours des XIXe et XXe siècles, le bosquet de la Reine n’était plus qu’une pâle évocation de ce qu’il fut. Sa restauration a été l’occasion de le recomposer dans son état du XVIIIe.
Le bosquet restauré porte ainsi témoignage de la palette horticole en vogue en 1775 et du goût pour la botanique du XVIIIe.
Le chantier de restauration comportait deux phases. D’abord la replantation des tulipiers du carré central et des allées d’accès, et ensuite celle des petites salles périphériques. Celle-ci sont plantées d’essences d’arbres et arbustes à fleurs provenant majoritairement d’Amérique du nord et introduites en Europe au XVIIIe siècle (salle des arbres à neige, salle des azéroliers, salle des sumacs de Virginie, etc.).
Chaque arbre a été soigneusement sélectionné et marqué chez les pépiniéristes avant d’être livré et planté dans le bosquet.
Seuls des amendements organiques, sans intrant chimique, ont été utilisés, dont le compost produit à partir des feuilles récoltées sur le domaine.
Un métier traditionnel a été sollicité pour ce projet : le métier de feuillardier. Filière traditionnelle du Limousin, elle consiste à faire pousser les châtaigniers sous forme de perches pour la fabrication des treillages qui bordent le bosquet.
Aux côtés de notre fonds de dotation Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat, la Fondation Crédit Agricole Pays de France a également participé au financement de cette restauration.
Une jeune cheffe de chantier aux commandes
Le château de Versailles possède une longue tradition d’excellence et de transmission des divers métiers d’art et de patrimoine toujours vivants aujourd’hui au château et sur le domaine : restaurateurs, sculpteurs, ébénistes, fontainiers, jardiniers…
La restauration du bosquet de la Reine s’intègre parfaitement dans cette tradition d’excellence. Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques et Véronique Ciampini, conductrice d’opérations jardins et paysage, ont choisi de confier la coordination du chantier à Ariane Herviaux. Une confiance méritée vis-à-vis de cette jeune cheffe de chantier de 28 ans.
En effet, Ariane Herviaux, a d’abord été apprentie sur la restauration des bosquets sud. Elle a ensuite été cheffe de chantier en binôme avec un chef de chantier expérimenté pour le parterre de Latone. Elle a enfin dirigé, seule, le chantier de restauration du bosquet de la Reine.