31/08/2020
Stimuler l’entrepreneuriat féminin, un formidable relais de croissance
Selon l’OCDE, l’égalité femmes-hommes sur le marché de l’emploi stimulerait la croissance nationale de 0,4% par an. Problème : en France, l’entrepreneuriat féminin demeure loin de l’objectif de 40% fixé par les pouvoirs publics. D’où l’importance des réseaux institutionnels et associatifs de soutien aux femmes motivées par l’aventure entrepreneuriale.
En France, les femmes représentent actuellement près d’un tiers (32%) des nouvelles entrepreneuses : 37% des micro-entreprises et 28% des entreprises « classiques ». Et une fois n’est pas coutume, l’Île-de-France ne se situe pas à l’avant-garde, avec seulement 26% des créations d’entreprises (hors micro-entrepreneuses) en 2014. Elle se situe à distance des champions de l’entrepreneuriat féminin que sont la Bretagne (29%), la Nouvelle Aquitaine (31%) et la Corse (32%).
Mais comment expliquer cette moindre présence des femmes dans la création d’entreprise, alors même qu’elles y réussissent aussi bien que les hommes ? En effet, 73% des entreprises créées par des femmes sont encore en activité au bout de 3 ans, une proportion égale à celle observée chez les hommes.
Les spécificités des dynamiques entrepreneuriales féminines
Les dynamiques de formation jouent un rôle majeur. Les femmes sont moins nombreuses à s’orienter vers une école d’ingénieur ou un cursus de gestion d’entreprise. De même, la répartition des secteurs d’activité des entreprises créées demeure « genrée », les femmes investissant majoritairement les secteurs du commerce, de la santé et des services à la personne. Elles sont encore trop minoritaires dans les incubateurs de jeunes pousses de la technologie.
Si le fait de travailler en toute indépendance est leur première motivation (pour 61% des entrepreneuses, selon l’Insee), diverses études montrent que l’aventure entrepreneuriale peut également être un moyen pour elles de contourner le « plafond de verre » ressenti lors de leurs premières expériences en entreprise.
Plus diplômées que les hommes, les femmes sont toutefois plus réticentes à l’idée de se lancer : selon l’OCDE, 52% des européennes estiment que la peur de l’échec les empêcherait de créer une entreprise, contre 42% des européens. Les entrepreneuses françaises ont ainsi une gestion plus prudente, ayant moins recours à l’emprunt.
Le rôle déterminant des réseaux d’entrepreneuriat féminin
Combattre la peur de l’échec, stimuler le goût du risque, bénéficier des aides financières… Le rôle des réseaux d’entrepreneuriat est essentiel. Jugez plutôt : 83% des femmes accompagnées par l’un de ces réseaux sollicitent un dispositif d’aide à la création d’entreprise (Accre, Nacre, exonération d’impôts et de cotisations sociales), contre seulement 55% des femmes non soutenues par un réseau.
Les réseaux institutionnels ont bien compris l’important relais de croissance que constitue l’entrepreneuriat féminin. Ainsi, la CCI d’Île-de-France organise chaque année des Semaines de sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin. BpiFrance multiplie les publications et dispositifs de soutien, comme la mise en œuvre de plans d’actions régionaux pour stimuler l’entrepreneuriat féminin et atteindre l’objectif de 40% de créatrices d’entreprises.
Initiative Ile-de-France, Réseau Entreprendre : un accompagnement personnalisé et efficace
Les acteurs associatifs ne sont pas en reste. Proposant des services d’accompagnement, de financement et d’hébergement des jeunes pousses, Initiative Ile-de-France a accompagné ou financé plus de 600 entrepreneurs régionaux, soit 10 millions d’euros de prêts d’honneur et 90 millions d’euros de prêts bancaires associés. Le résultat : plus de 2 300 emplois créés. Chaque année depuis 10 ans, l’association organise les trophées Créatrices d’Avenir, dont les lauréates reçoivent dotations financières, visibilité médiatique et accès à un vaste réseau professionnel. La marraine de l’édition 2020 ne sera autre que l’ex-Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.
Premier réseau international d’accompagnement entrepreneurial et très actif en Île-de-France, le Réseau Entreprendre offre aux entrepreneurs et entrepreneures la possibilité d’être conseillé par un ou d’une chef(fe) d’entreprise expérimenté(e). Personnalisé, l’accompagnement s’adapte à toutes les étapes du développement d’une entreprise : projet, création, cap de développement, changement d’échelle. Et ça marche si l’on se réfère aux témoignages des entrepreneures franciliennes qui louent la bienveillance et l’expertise de l’accompagnement reçu.
Pour ces réseaux, les défis ne manquent pas. À commencer par le soutien accru aux entrepreneuses des quartiers prioritaires, qui demeurent en retrait dans la dynamique de création d’entreprise. Selon le Crédoc, les femmes des zones urbaines sensibles sont 3,5 fois moins nombreuses à créer une entreprise que les hommes des mêmes quartiers, contre « seulement » deux fois moins hors ZUS. Un enjeu essentiel pour le développement équilibré et la libération de toutes les énergies de notre territoire !